Nous n’avons pas choisi Kossi Aguessy uniquement pour son coup de crayon, nous aimons aussi ses pensées acerbes, « no mainstream » , sa philosophie de vie et son histoire qui nous touche particulièrement. Nous lui proposons – pour finir cette belle collaboration d’une semaine – un entretien ou il développe ses idées face à nos propositions – en rapport ou pas avec le design et l’architecture…
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– RELIGION –
Déjà merci de me réserver une interview qui vous demande si peu d’efforts, si je comprends bien le principe, vous vous contenter de me jeter un mot en pâture et moi je fais tout le travail, c’est bien çà ??? Malin, très malin…
Sérieusement, pour en revenir à votre question sur la religion, pour commencer, je mettrai le mot au pluriel, puis je vous dirai que les religions dans leur grand ensemble m’emm… assez royalement, tout simplement parce qu’à partir des philosophies de vie salvatrices quelles furent au départ, elles finissent toujours pour certains par devenir des moyens de contrôle totalitaire.
Le souci étant que ces « certains » ont une emprise sur un nombre colossal de gens. Les grandes religions monothéistes font aujourd’hui faire à la masse des choses à se taper la tête par terre. Le mot religion me hérisse un brin les poils que je n’ai pas, parce qu’aujourd’hui qui dit religion, dit préceptes immuables, qui dit religion, dit dogmes et certitudes, et tout ceci me gêne.
La Religion à travers le prisme de l’interprétation humaine est un moyen de pression, de répression et de compression. Et ce que l’on compresse est plus facilement préhensible.
En 2014, la religion est le meilleur outil idéologique de manipulation de masse. C’est fou ce que l’épée de Damocles de l’être Suprême, aux dessus de milliards de têtes peut leur faire faire, et c’est bien dommage. En regardant l’histoire des religions, l’on fait toujours le même constat. Au départ vous avez un homme, une conviction, une philosophie, des torrents de compassion et d’amour, et quelques siecles au bout vous récupérez une pieuvre commandée par des hommes qui n’ont que leur pouvoir comme moteur, à quelques exceptions près. Je préfère le mot « spiritualité » à la religion. Les religions sont des constructions humaines, la spiritualité un état quasi naturel, aussi évident que la respiration. Je suis une personne très spirituelle qui croit en l’impossibilité d’un monde uniquement physique. Je croit volontiers en ce concept de « tout » que l’on nomme Dieu par ici, j’en arrive même à croire que comme les cellules d’un corps, nous faisons partie de ce tout, que nous sommes une parcelle de ce Dieu dont on nous parle, comme tout ce qui existe, visible comme invisible. Je n’en fais pas une religion, mais cela me donne un prisme de vision différente des choses qui m’entourent et de mon moi. Et si je devais lier cette spiritualité à une histoire et un héritage personnel.
Disons que je suis de spiritualité judaïque mais que je me contrefiche des dogmes religieux. Seule m’intéressent la clairvoyance et la plénitude que l’humain en tire…
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– ECOLOGIE –
Nouveau dada marketing d’une époque qui en est arrivé à un état de stupidité tel qu’il lui faut inventer des « concepts » pour expliquer le résultat de cette équation :
« Enfermés dans une maison sans aucun voisinage, sans fenêtres, ni autres issue qu’une porte en titane d’1 mètre d’épaisseur, Jean et ses amis malencontreusement mettent le feu à la maison » Quelle sont les chances que :
1/ Jean et ses amis meurent asphyxiés
2/ Soient transformés en merguez grillées
3/ Aient droit au résultat 1 et 2 tout en 1
4/ Se retrouvent hors du brasier par un miracle inexplicable.
Je pense que c’est aussi simple que cela et que ces petits exercices nous montrent le ridicule de nos systèmes de pensée.
Nous en sommes a intellectualiser, ou ne voyons, pour certain, que par le prisme du profit marketing, une situation simple :
Ecologie est lié à écosystème, et cet écosystème, nous en faisons partie totalement en tant qu’espèce. Ne pas s’en soucier, c’est se suicider (tout en ravageant les autres espèces).
Donc, ce mot ne devrait ni donner lieu à opinions ou discussions. Ce n’est pas un sujet d’agora, mais une donnée de survie basique. Et je fais exprès de ne parler que de notre survie parce que je pense que nous devons ramener le discours aussi ras le sable que ca pour que certains comprennent. Si nous ne pouvons pas penser à l’écosystème à travers sa variété, le respect et la sauvegarde de celle ci, au moins disons nous que c’est quand même notre maison, la terre, que pour l’instant, nous ne pouvons en sortir et que continuer à y f**tre le bordel que nous y mettons, correspond à une tendance pyromane qui nous conduit droit à l’effet barbecue.
Pour résumer : Ecologie égale à PRENDRE SOIN DE NOTRE DEMEURE COMMUNE, pas une donnée politique ou un sujet de discussion de comptoir.
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– SELFIE –
J’adore ce mot, je le trouve tellement représentatif de notre ère, et tellement peu drôle (même si certains de ces clichés m’ont fait mourir de rire parce que je les prenais au huitième degré) que j’en finis par le prendre au soixantième degré.
Sérieusement, nous voilà donc rendu à une époque ou l’on n’ose tellement plus rien faire, qui nous à rendu si passifs et mous que la seule façon de s’inscrire dans le monde en tant qu’être intéressant est devenue l’apparence.
Mais attention !!! Pas une apparence significative, pas un vecteur de message, pas un manifeste !!! Non, la vacuité du néant mise en image, image que l’on fait soit même pour enfoncer le clou dans les deux pieds joints d’un Jésus qui doit avoir renoncé à tout projet de retour depuis lors.
Il parait que c’est une manière de communiquer car ces Selfies déclenchent l’approbation (ou non) des réseaux d’ « amis », ce qui crée une interaction. Que l’on m’excuse, mais mon but ultime n’est ni d’imiter la moue de Donald Duck ni de devenir le pape de l’égoïsme en me prenant systématiquement en photo.
Pour créer des interactions, je préfère encore utiliser le téléphone servant à prendre ces clichés pour appeler mes amis et discuter.
D’un autre coté je comprend cette apologie du nombrilisme sacralisé en une époque ou le « paraître » supplante le « faire », et ou toute une génération à été calibrée de cette manière.
« Puisque que l’on a rien à raconter, que l’action quelle qu’elle soit, est bien trop fatiguant, devenir un peu point de mire par l’image de soit devient la seule alternative » Le problème est que cette image ne chasse ni le vide ni l’intérêt. Le principe de la curiosité étant un intérêt porté à son environnement et aux autres, le Selfie pour moi est le symbole même du l’abrutissement par l’auto-centrage.
Le résultat en sera une société que l’on est incapable de faire avancer parce qu’a part son soi, superficiel, l’on n’y connaît rien.
L’on devait y arriver, après tout cela fait 15 ans que les médias bourrent le crâne de toute une génération de programmes qui leur montrent des gens qui ne font rien et dont la notoriété ne repose que sur leur image et ce vide qu’elle véhicule.
D’ailleurs c’est assez troublant car aujourd’hui je me rends comptes que sur des sujets sociaux, l’on jette des opinions comme l’on prendrait des Selfies : Totalement centrés sur soi, sans aucune analyse ou réflexion, vides de sens ou de projets de solutions. L’important étant de s’entendre parler à un instant T et marquer un peu sa présence.
Dans les années 70, les gens se faisaient la fête et prenaient des polaroids, qui étaient des témoins de ces instants festifs, aujourd’hui vous avez des gamins qui se prennent en photo tout seule et qui « kiffe » que 10 personnes leur mettent des « like » sur ces grands moments de solitude. Cette culture du Selfie, de l’égoïsme sublimé, de la disparition de l’action et de son remplacement par le paraître de l’action est sociologiquement, passionnante à analyser car il ne représente que la réalité à tous les niveaux de nos sociétés. Humainement, je trouve que c’est d’une abyssale tristesse d’en être arrivé là, 25 millions d’années d’évolution, de métamorphoses, de batailles, de victoires, d’actions pour que nous soyons ce que nous sommes aujourd’hui pour finir à faire les canards solitaires devant nos Smartphones, cela ne me laisse circonspect, je nous pensais plus doués que ça. Je terminerai par un de ses « Selfies » qui ont défrayé la chronique, celle de la cérémonie du cinéma américain. Elle à peut être lancé une nouvelle tendance que je trouve déjà plus joyeuse, même si techniquement, cette photo n’était pas un Selfie, mais un « Crowdie ». l’essence du Selfie étant qu’elle soit « selfish » c’est à dire égoïste, « centrée sur une personnes qui doit en être elle même l’auteur »
La photo de ces acteurs à peut être lancé la mode du « Crewie » ou du « Crowdie » qui sait ? Ce serait déjà plus heureux…
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– SEXUALITE –
Ahhh la sexualité ou comment faire d’un sujet d’un banal naturel une forteresse gardée par une armée de tabous plus nauséabonds les uns que les autres. Je ne me fatiguerai même pas à faire intervenir la religion et son impact dans cette discussion.
La sexualité, toutes espèces confondues est quand même l’un des plus beau cadeau que la nature nous ait fait. Et que l’on ne vienne pas me parler que de son rôle reproductif. Regardez une bande de saumons frayer et vous vous rendrez compte que la nature avait d’autres choix plus emmerdants à nous proposer en matière uniquement de reproduction que celui que l’espèce humaine a.
Le souci c’est que sur tout ca, je veux dire « prendre son pied » l’on est venu mettre une grille aux maillage si serré que plus personne ne s’y retrouve. On met des catégories, des noms, des cloisons, des barrières, la sexualité humaine en 2014 ressemble à une tentative de parking dans un centre ville occidental un jour de semaine quand on a un 4X4.
D’abord, les catégories : hétérosexuelle, homosexuelle, et malheur à celui ou celle qui ne se ressent ni dans la première ni dans la seconde, elle part pour la destination Bisexuelle.
C’est quand même drôle, j’ai une fois fais un parallèle avec l’alimentation : je suis végétalien et un jour me suis pris une splendide rhétorique sur la nature omnivore de l’humain par un ami qui trouvait hérétique et non naturel que l’on se contente d’un choix uniquement végétal. Ce discours est le prédominant quasi partout en ce qui concerne les différents besoins ou habilités humains, l’on nous apprend que l’on est fluctuant, que l’on a le choix et « qu’il faut consommer de tout pour être un être accompli »
Lorsque l’on en vient à la sexualité, comme par hasard, la fluctuation disparaît, l’on devrait être aussi monolithique que des monuments de l’ex bloc URSS, et être catalogué.
Le fait est que tout ceci est d’une colossale hypocrisie, en matière de sexualité, si moyen il y avait que nous exprimions réellement ce qui nous traîne derrière la tête, à un instant T ou de manière permanente, nous nous rendrions bien compte que l’on est à des années lumières de ce que nous affichons.
Nous sommes au 21eme siècle et pourtant dans ce principe de catégorisation, je retrouve tout le poids d’une éducation judéo-chrétienne que nous avons en plus eu le malheur de transposer à la logique et aux sciences. Nous catégorisons soit disant parce que cela fonctionne comme cela, comme nous en sommes arrivé à « organiser » nos corps. Le seul problème, c’est que dans cette organisation ou l’on me dit que ma tête est le centre de ma pensée, quid du fait que physiologiquement celle ci soit rattachée au reste ? Où est la frontière délimitant les fonctions à part dans des conventions devenues lois ?
La sexualité humaine est similaire, je pense qu’à cause conventions et des loquets psychologiques, nous sommes des enfants sans aucune réelle connaissance de notre sexualité réelle. J’ose le dire, toutes et tous avons pensé, éprouvé, des sensations et attractions, qu’elles soient d’une fraction de seconde ou plus qui n’étaient pas inscrites dans le cahiers des charges de la catégorie à laquelle nous affichons une « appartenance »
Personnellement, cela me passe totalement au dessus, et de catégories je ne reconnais aucunes, je reconnaît un processus fluctuant et je sais que ma sexualité dépend de mon affect. Cet affect répondant comme il l’entend à un stimulus, que ce stimulus vienne d’ne personne d’un sexe ou d’un autre, je n’ai aucune envie de le contrôler ou le catégoriser. Toujours personnellement, tant que cela reste au sein de l’espèce humaine, je n’ vois pas de quoi convoquer une assemblée onusienne…
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– CONSERVATISME FRANÇAISE –
La France ? Conservatrice ? Non, ce n’st pas vrai.
La France n’est pas un pays conservateur, la France est juste un pays qui est encore sous le choc de 1789 et couve comme une louve ses « traditions » pour compenser le trauma d’avoir étêté ses rois et autres « gens de lumière »
Ce n’est pas du conservatisme, c’est un complexe. Comme l’on à peur de faire moins bien que ses pères, on préfère ne rien faire et prendre prétexte de la « conservation » d’acquis pour justifier cette frénétique trouille.
Le fait est que quand en France vous faites fi justement de ce pseudo conservatisme, pour acter des évolutions, les mêmes « saints auto proclamés » de cette « conservation » se ruent comme mouches sur la nouveauté.
La France n’est pas conservatrice, elle est dans sont intelligentzia incapable de décider de pas vers l’avant sans en faire quelques uns en arrière au cas ou, et elle est profondément jalouse de ceux qui le font ce pas qu’elle ne fait pas, parce qu’ils lui font perdre la face, ce poudrage plus épais que le fard de Mme de Pompadour.
La France n’est pas conservatrice, elle est endormie sur ses lauriers, sur les ors de Versailles, bien planquée sous le lego métallique de la tour Eiffel (qu’elle voua au diable avant d’en voir l’utilité comme planque). Ce n’est pas une situation nouvelle, le seule souci c’est que dans un monde métamorphosé ou les pôles de pouvoir deviennent multiples, ce que vous avez, vous ne voulez pas faire sous prétexte de conserver l’acquis, d’autres le font et y excellent, et ce acquis qui vous sert de prétexte pour ne pas faire de nouveaux pas. Eh bien un jour vous vous retrouvez incapable de l’entretenir et vous êtes bien obligés de vous tourner vers l’autre pour vous financer la peau de chamois servant à polir vos acquis-égo.
Mais au final, je me dis que tant que son plumage est nettoyé, même si le savon vient de plus loin que Marseille, et qu’il et continue a chanter, qu’il ait les pieds dans la merde, le Coq s’en fiche, il est content, et tant qu’il l’est, nous sommes content pour lui…
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– LA MAFIA ITALIENNE DU DESIGN –
Préférable au conservatisme français. Qui dit mafia, dit code d’honneur, esprit de clan et travail exécuté promptement ; un Problème, une solution, et pas une hésitation, s’il faut se salir les mains. Mais au moins, l’on ne passe pas sa journée à jouer à Cosette, râler et retourner à ses pantoufles en laissant le problème croupir.
Pour l’instant entre la mafia italienne et les Tontons Flingueurs Français, qui ont perdu leur flingues, la clé de la voiture, et qui pensent qu’en roulant des mécanique, ils restent caïds, je choisi de suite les italiens. Bravi Ragazzi !!!
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– L’ARCHITECTURE QATARIE –
Terrain d’expérimentation, réalisations à couper le souffle, quelques erreurs, mais sur un plan d’action aussi vaste, elles me paraissent futiles et je préfère me concentrer sur la politique globale Qatarie. Spécialement dans les arts et les arts appliqués, je la trouve intelligente et élégante. Contrairement à Dubaï ou le mot d’ordre était « gigantisme », parfois au détriment de l’équilibre, l’architecture au Qatar, prend en compte bien des données aujourd’hui essentielles et affiche une esthétique, certes variée, ce qui n’est pas pour me déplaire, mais plus élégante et surtout moins « Disney » qu’à Dubaï.
Si tous les architectes de renoms (et es autres) de la planète entière se battent pour y être, ce n’est pas pour rien.
Ils appliquent une politique architecturale qui est un mélange de folie et de contrôle qui personnellement est l’équivalent d’un rêve. Le baron Haussmann et moi n’aurions pas été d’accord sur le sujet, je le sais.
Je suis conscient, des dernières données liées aux couts humains de ces chantiers, surtout celui de la prochaine coupe du monde.
Je dirai 2 choses :
A/ Cela se révèle vrai, je suis certains que les mesures seront prises pour que cette architecture ne devienne pas morbide aux yeux du monde.
B/ Critiquer de loin est toujours facile, et m’expliquer l’horreur de ces réalisations, quand l’on regarde leur cout humain, et m’e montrer 1 H après un reportage sur la magnificence de la grande pyramide de Gizeh, cela me dérange. Cette magnificence, à eu un cout humain qui la classerait au rayon « holocaustes » si l’on y regarde de près…
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– STARCK –
Starck, WHO ?
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Super interview. Très intéressant ! Tout comme ce blog d’ailleurs.
France Aspiration – http://www.france-aspiration.com/
vraiment éloquent Hervé! Mais rentre à Lomé une fois encore. Nous avons grandi, ta Famille et surtout nos enfants voudront te voir. merci pour une prompte réaction de ta part. ta grande soeur Solange AGUESSY épse KASONGO