DE QUOI PARLE-T-ON?
D’un mouvement qui vient interroger notre mode de vie actuel avant tout basé sur la rapidité, le zapping et le profit. Le slow design renvoie au slow food, un terme né en Italie dans les années 1980 pour contrer la toute-puissance du fast food, et plus largement celle de la fast life…
En gros, il s’agissait de la revanche de la focaccia sur le hamburger, où il était question de défendre des notions de biodiversité, de traditions culinaires, de goût… Le slow design en reprend les grandes lignes en l’associant à des notions de développement durable, de récupération, de gestion des ressources, d’inventivité…
QUI L’A INVENTE?
Alastair Fuad-Luke, un universitaire Anglais par ailleurs consultant environnemental. Il a théorisé le mouvement en 2004 en proposant aux designers la conception d’objets à caractère slow, manière de lutter contre la déferlante d’objets et/ou meubles standardisés qui déboulent à chaque saison. Une étape nécessaire pour lutter contre le trop plein de ce qui ne sert à rien et qu’on achète alors qu’on sait ne pas en avoir besoin.
QUELLES EN SONT LES REGLES D’OR?
L’objet slow doit satisfaire de réels besoins et ne pas céder à des effets de mode ou de marché.
L’objet slow est unique ou en édition limitée, si possible réalisé à la main. A mi-chemin entre l’artistique et l’artisanal, l’idée est de lutter contre la production globalisante, étouffante des lois de production.
L’objet slow est à base de matériaux recyclés. Chutes de bois qui deviennent du mobilier par Piet Hein Eek, roues de pousse-pousse qui sont métamorphosées en vide-poches par les frères Campana, branchages qui sont transformés en porte-fruits par Enkidoo.
L’objet slow encourage le développement durable, comme les luminaires “Snowflake”, de David Trubridge, en pin de Nouvelle-Zélande issu de forêts gérées durablement.
L’objet slow utilise des techniques traditionnelles de savoir-faire et décomplexifie les processus de production. Un clou vaut ainsi mieux que deux machines.
L’objet slow pousse à la réflexion et invite à imaginer de nouvelles utilités. L’objet doit être intelligent et plus seulement fonctionnel.
QUI SONT LES DESIGNERS LES PLUS ENGAGES?
Le Hollandais Piet Hein Eek qui récupère du vieux bois pour dessiner un nouveau mobilier, quitte à créer des espaces de travail ou des restaurants.
Droog Design, depuis les années 90, leurs créations avant-gardistes et décalées ont bouleversé l’univers du design.
Hella Jongerius, toutes les pièces (meubles, céramiques, textiles) de cette Hollandaise se repèrent par un jeu entre technologie et artisanat.
Les frères Brésiliens Campana, dont une grande partie du processus de réflexion est née de leur contact avec les classes défavorisées des favelas.
Les Français du collectif 5,5 designers qui ont assis leurs réputation à travers “Sauvez les meubles”, un projet où ils ont dessiné toute une ligne de “béquille” mobilières destinées à réhabiliter des objets condamnés à la voirie.
La Lausannoise Nina Raeber qui transforme des sacs en toile de riz en beauty case ou caddie à commissions.
…
COMBIEN CA COUTE?
Fatalement un prix plus élevé que les objets usinés en grande série. C’est la prime de la conscience, la même qui vous fera acheter un produit labelisé Max Havelaar plutôt qu’un café dit normal. Mais plutôt que d’imaginer que ce sont là des objets trop chers, il faut penser que c’est le marché qui met à notre disposition des produits à des prix trop bas. La différence doit être perçue comme la prise de conscience du “consommacteur”.
http://www.pietheineek.nl
http://www.droogdesign.nl
http://www.jongeriuslab.com
http://www.enkidoo.com
http://www.designpyrenees.com
http://www.campanas.com.br
http://www.cinqcinqdesigners.com
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Lorine says
Un article très intéressant sur le slow design !
J’ai un projet qui porte sur ce sujet, tu m’as apporté de nouveaux noms de designers, merci !